[5] Le fascisme en Europe

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Le nazisme et la guerre contre la France

En 1933, les Nazis arrivent au pouvoir en Allemagne. Sous le commandement d`Adolf Hitler ils vont mettre en place un véritable pouvoir totalitaire. Leur idéologie raciale antisémite poursuit et assassine les Juifs, les Sinti Roma, ainsi que tous ceux qui ne comptent pas dans le régime pour une communauté du peuple allemand. Les opposants sont torturés, transportés dans des camps de concentration, tués, envoyés en exil. Le 1er septembre 1939, l`armée allemande attaque la Pologne, c`est le début de la seconde guerre mondiale en Europe.
L`entrée en guerre de la France, un des pays d`accueil les plus importants pour les persécutés au régime nazi aura des conséquences fatales pour ceux qui détiennent à l`époque un passeport allemand: Les Juifs et les Anti-faschistes seront internés dans des camps, considérés comme des ennemis étrangers. En 1940, la France capitule: Le Nord est occupé, le Sud, zone libre, est sous l`administration du Régime de Vichy et collabore avec les Nazis. Une fuite en masse vers le Sud commence.
Marseille devient la première adresse pour les fugitifs antinazis: Dans le port, il y a encore des passeports et des passages en bateau, direction l`Afrique du nord ou l´Outre-mer, pour ceux qui cherchent à se sauver. Mais bientôt, là aussi, les bateaux arrêteront de débarquer et Marseille deviendra un piège.

Extradition sur demande

En 1940, la France sera assaillie de troupes allemandes au bout de quelques semaines. Les accords de cessez-le-feu du 22 juin 1940 régulent dans l´article 19 „L`extradition sur demande“. Le régime de Vichy est contraint de livrer sur demande tous les Allemands qui se trouvent en France et qui sont désignés par le gouvernement allemand du Reich. En juillet 1940, la commission allemande Kundt établit des listes dans les camps d`internement allemands du sud de la France; ce sera la base des extraditions futures. Bien avant, les Nazis commencent à exclure de manière massive: La liste de déchéance de la nationalité en 1933 touchera 33 personnes qui perdront leur nationalité allemande.
Parmi eux, certains partiront en exil: le publiciste Georg Bernhard, le mathématicien Emil Gumbel, la politicienne Ruth Fischer, les écrivains Heinrich Mann et Lion Feuchtwanger, le politicien sociodémocrate Friedrich Stampfer. Les lois de Nuremberg de 1935 étiquettent les Juifs comme des êtres ayant des droits inférieurs aux autres. En 1941, en quittant l`Allemagne, ils perdront leur nationalité – continuer la fuite sans patrie et sans papiers est deux fois plus difficile. À partir de 1942 les Juifs et Juives vivant en France seront déportés dans des camps d`extermination. La fuite par les Pyrénnées – ce n`est plus qu´une question de vie et de mort.

Das Emergency Rescue Committee (ERC)

Le Emergency Rescue Committee est fondé à New York l`été 1940. Leur but est d`aider les intellectuels en danger à quitter la France en les dotant d`un visa d`urgence américain. Pour cela, Le ERC envoie en août 1940 le journaliste Varian Fry à Marseille. Il écrit dans ses mémoires Extradition sur demande:
Je quittai l`Amérique, les poches remplies de noms d`hommes et femmes que je devais secourir et la tête pleine d`idées comment venir à bout de mon objectif. Il y avait plus de 200 noms et beaucoup de centaines s`y ajoutèrent plus tard. (1➘)
Au lieu des 4 semaines prévues, Fry restera 13 mois et aidera avec son équipe plus de 2000 personnes à fuir – parmi eux, on trouve la philosophe Hannah Arendt, le sculpteur Jacques Lipchitz, la pianiste Wanda Landowska, le révolutionnaire Serge Victor, les écrivains Lion Feuchtwanger, Walter Mehring et Heinrich Mann, le surréaliste André Breton, le peintre Marc Chagall. (2+3➘)
Maurice Verzeano, Charles Fawcett et Jean Gemähling travaillent pour le ERC. Ici, tiré du film Villa Air Bel de Jörg Bundschuh: Verzeano raconte les activités illégales, Fawcett parle du sauvetage de personnes non-connues, et Gemähling de la position du régime de Vichy. (4➘)

© Extrait du film „Villa Air Bel“- Varian Fry à Marseille de Jörg Bundschuh, Kick Film.
Le diplômé de Harvard Fry ne recule pas devant le marché noir et la corruption, face aux réglements frontaliers sans issue. Maquillé en bureau de soutien légal pour les réfugiés, le ERC travaille en proche collaboration avec Lisa et Hans Fittko et nommera un chemin d`après eux: La Route-F. Fry est mal vu et soupconné par le régime de Vichy, et il a l`impression que les bureaux américains le laissent tomber. En aôut 1941, Fry sera expulsé de France. (5➘)

Une fuite salvatrice pendant la dictature de Franco

Environ 80.000 personnes fuient le régime nazi par les Pyrénées en direction de l`Espagne: Des juifs, des Antifaschistes, des pilotes qui ont été touchés par les Alliés, et des membres de la résistance française. En Espagne, il y a Franco, au Portugal le régime de Salazar. Malgré la proximité idéologique entre le franquisme espagnol et le régime nazi ainsi que des accords germano-espagnols, la route d`exil ibérique sera pour presque tous une bonne issue. Des extraditions vers les Nazis restent une exception – en règle générale, il y aura des refus d`entrée sur le territoire, des expulsions vers la France, des internements ou des traversées chanceuses. La jeune Juive de 16 ans, Margit Meissner et sa mère fuiront de la ville frontalière française Cerbere vers Portbou; elles seront arrêtées puis transportées vers Girone: (6➘)

Margit Meissner fuit à pied, traversant les Pyrénées direction Portbou · © United States Holocaust Memorial Museum
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Close À Cerbere, il y avait des policiers partout et on faisait comme si on était en train de se promener. À Portbou, nous allâmes voir l´homme qu`on nous avait recommandé, mais son contact avait été arrêté. Alors, que faire? Nous voulions rejoindre des amis à Barcelone et allâmes à la gare. Là, on nous arrêta parce qu`on n´avait pas de tampons de sortie du territoire français.
Margit et Lilly Meissner seront vite relâchées. D`autres passeront des mois dans le camp d`internement Miranda de Ebro et seront libérées seulement sous la pression du consulat britannique ou du comité d`aides juif. Ceux qui sont le plus en danger, ce sont les anciens combattants de la guerre espagnole et les Antifaschistes espagnols. La plupart d`entre eux réussira, malgré l`absence de documents ou malgré des papiers falsifiés, à traverser l´Espagne. Le journaliste sociodémocrate Henry William Katz pourra infiltrer le Portugal en passant par Madrid grâce à l´aide des Espagnols. (7➘)

Soutien énergique à Madrid – pas seulement pour la famille Katz · © United States Holocaust Memorial Museum

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Close Je regardai par la fenêtre parce que je devais trouver le porteur numéro 25. Lorsque nous descendîmes, il arriva vers nous, parla tout de suite français avec nous, il connaissait nos noms. J`arrêtai tout de suite de me faire du souci. Il nous emmena à l`hôtel et plus tard au train, direction le Portugal. Le lendemain matin, nous étions à Lisbonne!

Surveillance à la frontière et contrôles

Les Pyréneés sont des verrous frontaliers et en même temps la porte vers la liberté: Des forêts et des gorges, traversés par des sentiers de chêvres sont difficiles à surveiller. Une tradition de contrebande, vieille de plusieurs siècles, et un contact étroit entre la population catalane des deux côtés de la frontière favorisent les organisations d`aide aux fugitifs. En 1940, il est encore relativement facile de passer la frontière. La sociodémocrate Elsbeth Weichmann décrit dans son livre Zuflucht (Refuge) une rencontre à la frontière (8➘) :
Le douanier nous tourna le dos et partit. Ce n`était pas encore un homme de Vichy. Il ne voulait pas nous voir.
Mais les réglements vont être renforcés : Déclaration obligatoire pour les hôteliers, des contrôles massifs aux frontières, une obligation de visa stricte, des zones interdites aux frontières et aux régions côtières. En 1942, l`Allemagne nazie possède aussi le sud de la France – Désormais, ce sont les gardes allemands, au lieu des français qui surveillent la frontière. Les routes pour fuir seront plus risquées, avec des cols de plus en plus hauts et escarpés.
L`Espagne renforce les entrées sur le territoire sous la pression des Allemands. Le nombre des arrestaions en Espagne augmente. Le Ministère des Affaires étrangères indique qu`il en revient à l`Allemagne de surveiller les frontières qui se trouvent dans son domaine d`influence.

Des conseils de littérature et liens externes

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  1. Varian Fry: Auslieferung auf Verlangen. Die Rettung deutscher Emigranten in Marseille 1940/41, Frankfurt 2009 [DE], Varian Fry: Surrender on Demand, New York 1945 [EN]
  2. Le Berliner Verein Aktives Museum (comité berlinois du musée actif) a organisé une exposition remarquable sur Varian Fry: , Ausstellungskatalog: Ohne zu zögern. Varian Fry: Berlin – Marseille – New York. Berlin 2007
  3. La page web www.varianfry.org offre beaucoup d`informations sur Varian Fry et le ERC
  4. Le Film Villa Air Bel de Jörg Bundschuh suit les traces de Varian Fry et du ERC. Une production de Kick Film , le film est disponible sur Amazon
  5. Sheila Isenberg: A hero of Our Own. The Story of Varian Fry, New York 2001 [EN]
  6. L`interview entier du United States Holocaust Memorial Museum avec Margit Meissner est à l´écoute ici:
  7. Ici, l`interview complet avec H.W. et Freidel Katz:
  8. Elsbeth Weichmann: Zuflucht: Jahre des Exils. Hamburg 1983